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Télétravail : quel impact sur les territoires ?

25 août 2021

Paris, c’est fini ? D’articles en reportages, de nombreux médias se font l’écho de parisiens ou franciliens qui délaissent la capitale pour des villes moyennes et territoires ruraux. En cause : la massification du télétravail, qui concerne aujourd’hui 27% des actifs. Avant la crise sanitaire, ils étaient seulement 3%, essentiellement des cadres franciliens. Si on estime aujourd’hui que ces changements de vie ne concernent qu’environ 5% des Français, les territoires ont tout de même intérêt à scruter ces mouvements pour s’y adapter. Ils esquissent de nouvelles tendances qui vont influer sur les stratégies d’attractivité des territoires. Loin des images bucoliques d’une vie plus verte à la campagne, ou des discours alarmistes sur le devenir de l’immobilier tertiaire en Ile-de-France, Abylon s’est penché sur le phénomène. Et vous propose un aperçu de l’écosystème que ces changements dessinent sous nos yeux.

 

L’impact du télétravail sur l’organisation des métropoles 

Environnement. L’impact le plus visible du télétravail sur les centres urbains se situe certainement dans le champ de la mobilité. Avec la diminution des mouvements pendulaires, on remarque une baisse de la circulation, donc de la congestion des transports individuels et collectifs, et de la pollution atmosphérique et sonore en ville. Ainsi, dans une étude de septembre 2020, l’Ademe estime qu’un jour télétravaillé par semaine reviendrait à réduire de 69% les déplacements journaliers dans les métropoles. Couplé au flex-office, le télétravail permettrait de réduire de 52% la consommation énergétique des bâtiments tertiaires.

Développement local. Avec la baisse des surfaces tertiaires louées, les métropoles, notamment Paris et sa banlieue, voient se redessiner une nouvelle carte de la ville. Les quartiers d’affaires deviennent moins attractifs car moins fréquentés. À l’inverse, d’autres communes plus périphériques tirent leur épingle du jeu en attirant de nouveaux habitants à la recherche d’espaces à vivre plus grands. Ainsi, la grande couronne a gagné en attractivité, comme en témoigne l’augmentation des prix de l’immobilier. Un exode urbain qui s’est aussi matérialisé par des relocalisations d’activités dans les quartiers de vie. Cette hybridation des espaces urbains va dans le sens d’une plus grande mixité. C’est aussi un pas de plus vers la “ville du quart-d’heure” que 87% des franciliens appellent de leurs vœux. Une ville de la proximité, où la majorité des activités du quotidien peuvent être pratiquées près du domicile.

 

Un bilan environnemental en demi-teinte 

Au niveau des bâtiments tertiaires, la démocratisation du télétravail est synonyme de baisse de la consommation énergétique. Mais lorsque l’on considère la situation dans sa globalité, force est de constater que cette diminution est à nuancer. Le secteur tertiaire connaît effectivement une baisse de 52% de baisse de la consommation énergétique mais, dans le même temps, la consommation énergétique des ménages augmente de 31%. Un effet rebond, lié notamment à la dépendance aux services numériques, qui vient atténuer les effets positifs de la massification du télétravail.

De même, un plus grand étalement urbain débouche le plus souvent sur un allongement des trajets domicile-travail. Ce qui se traduit par une consommation d’énergie liée aux transports plus élevée lorsque les habitants se rendent au bureau. Une moindre proximité aux centres économiques entraîne également une augmentation des temps globaux de déplacement en journée. Cette problématique est renforcée par le recours de plus en plus fréquent à la livraison à domicile.

 

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Pour les territoires, des adaptations nécessaires

Du point de vue des villes moyennes et territoires ruraux, l’exode urbain amorcé sous l’effet de la crise sanitaire constitue une opportunité pour attirer de nouveaux habitants. L’arrivée d’habitants à plus fort pouvoir d’achat influe positivement sur la fréquentation des commerces de proximité, des artisans locaux et la fréquentation des équipements publics comme les écoles, les établissements de santé ou encore les centres sportifs. Pour les collectivités territoriales, cela se traduit par des rentrées fiscales supplémentaires… mais qui ne suffisent pas toujours à financer les investissements nécessaires au renforcement de l’attractivité de leur territoire. En effet, pour attirer des habitants, les mairies misent souvent sur des terrains à bâtir à tarifs attractifs alors que les urbains en mal de campagne attendent plutôt un haut niveau de services. En particulier, on peut citer la présence de crèches ou de coworkings à proximité de leur nouveau domicile, situé le plus souvent en centre-ville.

Comme nous l’avons souligné dans nos articles précédents, tous les territoires n’attirent pas les urbains de manière uniforme, à l’instar des littoraux, largement plébiscités. Même à l’échelle locale, on note que les nouveaux arrivants s’installent plutôt dans les centralités urbanisées. Ce processus de gentrification rend l’accès au logement plus difficile aux jeunes du territoire. Un phénomène de plus en plus prégnant au Pays basque par exemple, notamment dans le triangle urbain Bayonne-Anglet-Biarritz où les prix du foncier s’envolent. Autre point de tension : la fracture numérique. Celle-ci met en concurrence les territoires, mais aussi leurs habitants. D’où la nécessité pour les collectivités de développer les infrastructures et, en parallèle, d’outiller les usagers pour les faire monter en compétences.

 

Vers une redéfinition de l’attractivité territoriale

Si à l’heure actuelle il n’y a pas d’afflux massif de population dans les villes moyennes et les territoires ruraux, ces tendances sont pleines d’enseignements pour les collectivités territoriales. De nouveaux équilibres émergent peu à peu. Ils constituent une opportunité pour redéfinir ce qui fait l’attractivité d’un territoire. Aujourd’hui, le champ de l’attractivité territoriale s’élargit, il n’est plus circonscrit à la mise en valeur des paysages ou au soutien aux entreprises locales. Pour séduire de nouveaux arrivants, les collectivités territoriales ont besoin de se doter d’infrastructures de proximité : crèches, tiers-lieux, internet haut-débit… L’enjeu est d’ancrer ces nouveaux habitants sur le territoire pour que leur activité ait aussi des retombées sur leur lieu de vie, et pas seulement dans la métropole où se trouvent leurs bureaux. En cela, les collectivités territoriales voient leur rôle de créateur de lien social renforcé. En favorisant les échanges, les collectivités peuvent s’appuyer sur les actifs nouvellement arrivés pour soutenir l’activité économique du territoire.

 

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