Depuis ses débuts, la smart city affiche l’ambition de rendre la ville plus fluide et plus durable. Ses premières applications ont visé à réduire la consommation énergétique des villes, tout en œuvrant à améliorer la qualité de vie des habitants. De nombreux projets ont par exemple cherché à améliorer l’interconnexion des transports ou à adopter des technologies plus avancées de gestion technique des bâtiments. Aujourd’hui, plus d’une décennie après son apparition, fort des retours d’expériences de nombreuses initiatives, le concept de smart city évolue. Quelles perspectives se dessinent pour la smart city en 2021 ? Abylon fait le bilan et s’interroge sur les contours de la ville intelligente de demain.
La smart city, 10 après
Lorsqu’il émerge à la fin des années 2000, le concept de smart city propose une vision de la ville dont les services seraient augmentés par la technologie. À cette époque, la smart city renvoie à des imaginaires futuristes même si, sur le terrain, les initiatives sont réalistes et répondent à des besoins concrets. Aujourd’hui, les territoires se détachent d’une vision de la smart city 100% tech. L’accumulation de services toujours plus connectés, plus rapides et plus performants n’est plus l’horizon de la ville intelligente. La dimension durable et écologique gagne en importance, répondant ainsi à une préoccupation croissante des habitants : la question environnementale. Les collectivités cherchent des solutions pour une ville plus apaisée, dans laquelle il fait bon vivre. La durabilité, la résilience et l’efficience s’imposent comme les piliers de la ville intelligente de demain.
Des métropoles aux villes moyennes et territoires ruraux
Alors que les métropoles étaient aux avant-postes de la ville intelligente dans les années 2000, les initiatives smart city se sont progressivement étendues aux villes moyennes et territoires ruraux. Ce qui induit une autre évolution majeure : la vision globalisante d’une ville où tous les services sont interconnectés a laissé place à des projets smart city pensés pour répondre à des problématiques spécifiques. La perspective de la smart city se recentre sur l’humain, les projets se construisent à partir des besoins et des attentes de la population. C’est cette approche que nous mettons en œuvre chez Abylon, en particulier avec nos ateliers d’intelligence collective destinés à faire émerger les besoins des usagers et imaginer des réponses adaptées.
On remarque cependant que certains secteurs restent prioritairement investis en matière de ville intelligente :
- L’amélioration de l’efficacité énergétique : la gestion intelligente des bâtiments publics reste une priorité pour les collectivités territoriales qui cherchent à améliorer leurs performances énergétiques. On recense de nombreux projets de pilotage automatique de l’éclairage, de réglage du chauffage à distance, de systèmes intelligents de détection de dysfonctionnements… Autant d’outils qui permettent d’adapter la consommation aux usages. La ville de Genève, par exemple, a choisi une solution de lampadaires intelligents. La lumière est renforcée au passage d’un individu pour une consommation électrique réduite et une qualité d’éclairage public maintenue.
- La sécurité : la sécurité s’impose également comme un secteur dans lequel les projets smart city se développent. De nombreuses solutions comme les capteurs sonores IoT ou la vidéosurveillance intelligente sont adoptées, en appui au personnel de sécurité.
- La gestion de l’eau et des déchets : ce domaine reste très investi par les collectivités qui se lancent dans une démarche smart city. De nouvelles méthodes de collecte et de tri moins énergivores sont mises en place. L’écoquartier Clichy-Batignolles à Paris est ainsi équipé d’un réseau pneumatique souterrain. Les déchets sont déposés par les habitants dans un conteneur relié à un système de tuyaux souterrains à faible consommation électrique. Une fois entrés dans le réseau, les déchets sont automatiquement acheminés vers le centre de tri le plus proche. Une solution technique intéressante pour une ville plus apaisée et plus verte.
La smart city centrée utilisateurs : nouvelles perspectives
À cette nouvelle étape de la croissance de la ville intelligente, des secteurs d’intervention émergent :
- La revitalisation des centres-villes : c’est une des préoccupations des élus territoriaux qui a été renforcée par la crise sanitaire liée au Covid-19. La revitalisation des centres-villes passe notamment par la transformation numérique des territoires et des commerces de proximité. C’est pourquoi les collectivités, mais aussi des acteurs comme les CCI ou CMA, soutiennent la mise en place de solutions numériques, à l’instar des places de marchés en ligne, du click-and-collect, des services de livraison à domicile…
- Le développement et le renforcement du lien social : l’inclusion est de plus en plus pensée comme le corollaire de la durabilité de la ville intelligente. Plus apaisée, plus verte, la smart city de demain contribue à améliorer la qualité de vie des citoyens. Pour cela, elle propose des services différenciés en fonction des différents segments de population ciblés. Il s’agit par exemple de proposer des plateformes d’entraide pour les seniors ou d’améliorer l’accessibilité des services aux personnes en situation de handicap. Les collectivités misent également sur des espaces verts comme les jardins partagés pour renforcer les liens entre les habitants. Des lieux de convivialité qui sont aussi des espaces d’apprentissage et de partage autour de l’environnement.
Vers une plus grande sobriété numérique
La smart city tend à un moindre recours à des solutions connectées. Cette inflexion s’explique en partie par la prise de conscience des impacts environnementaux du digital qui, en termes de consommation énergétique, a aujourd’hui dépassé le secteur aérien. L’empreinte carbone du numérique ne résulte pas tant des usages que des outils. C’est pourquoi prendre en compte le cycle de vie des équipements numériques est aujourd’hui nécessaire pour évaluer l’impact réel de la smart city sur l’environnement. Début 2021, la ville de Lyon a ainsi lancé une étude d’impact de son usage numérique qui doit déboucher sur un plan de réduction de son empreinte carbone d’ici la fin de l’année.
La smart city évolue vers plus de durabilité sans délaisser pour autant l’analyse de données. La crise sanitaire a ainsi mis en exergue l’intérêt de disposer de centres d’exploitation des données pour faire face à des événements imprévus de grande ampleur.. Ces outils de pilotage intelligent de la ville se sont révélés très utiles dans la gestion de la pandémie en favorisant le partage d’informations et en assurant la coordination de nombreux services. Ouverture d’une ligne téléphonique de soutien à la population, suivi de l’ouverture du cimetière et de la déchetterie, gestion à distance des bâtiments publics fermés pendant le confinement… sont autant de domaines sur lesquels les agents ont pu intervenir de façon coordonnée. La smart city se réinvente jour après jour, c’est là son essence.