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Comment la smart city peut-elle faciliter l’inclusion des seniors dans la ville ?

03 novembre 2020

Sous l’effet de l’allongement de la durée de vie, les seniors représentent une part de plus en plus importante de la population. L’INSEE prévoit qu’à l’horizon 2060, un Français sur trois aura 60 ans ou plus. Ce changement dans la pyramide des âges de la population constitue un défi de taille pour les collectivités territoriales. Ces dernières multiplient les initiatives en faveur du bien-être des seniors, qui sont une catégorie de population très hétérogène, recouvrant à la fois les jeunes retraités actifs et les personnes âgées dépendantes. Isolement, manque de reconnaissance, difficultés à se déplacer sont autant d’obstacles que rencontrent les personnes âgées dans l’espace urbain. Comment les villes peuvent-elles s’adapter à cette nouvelle donne démographique ? La smart city peut apporter des réponses au défi de l’inclusion des seniors dans la ville : des solutions digitales et innovantes, nécessairement complétées par un accompagnement humain.

 

À quoi ressemble la ville rêvée des seniors ? Les personnes âgées accordent une grande importance à l’accessibilité des services adaptés à leurs besoins (infrastructures de santé, transports…). Leur attention se porte également sur l’existence d’activités qui leur sont dédiées et un cadre de vie agréable et confortable, qui leur confère un sentiment de sécurité. Ce sont autant de domaines dans lesquels les collectivités peuvent déployer des initiatives pour améliorer la qualité de vie des seniors sur leur territoire ou renforcer leur attractivité auprès de ce segment de population.

 

Des services numériques innovants dédiés au bien-être des seniors à domicile

La smart city, ce n’est pas que pour les geeks de la génération Z ! La ville intelligente apporte des solutions innovantes pour faciliter le quotidien des seniors dans la ville. De nombreux seniors souhaitent rester à leur domicile pour profiter d’un cadre de vie sécurisant, dans lequel ils ont leurs repères. C’est pourquoi des services toujours plus nombreux se développent pour veiller à la sécurité des personnes âgées. Avec la téléassistance par exemple, les seniors disposent d’un interlocuteur à n’importe quel moment pour les aider. D’autres services comme la livraison de repas ou de médicaments à domicile se renforcent, de même que la prise en charge des tâches ménagères.

Pour les personnes âgées qui ne sont plus en mesure de vivre seules chez elles, des habitats intelligents se développent. Certains logements sont ainsi spécialement conçus pour répondre à leurs besoins tout en leur laissant un maximum d’autonomie. Il s’agit par exemple de logements équipés d’un ordinateur central capable de détecter les mouvements anormaux. Ces logements peuvent également être dotés d’équipements domotiques qui assurent la fermeture des volets et du gaz, allument un chemin lumineux pour guider le locataire s’il se lève la nuit, ou déclenchent une alarme au moindre problème. Ainsi, l’entreprise Sairenor réunit des ergothérapeutes, architectes et médecins pour imaginer de petites maisons individuelles destinées aux personnes âgées.

 

La question des transports, essentielle pour conserver l’autonomie des seniors

Très longtemps, c’est la question du maintien à domicile qui a occupé le devant de la scène en matière de bien-être des seniors. Pourtant, l’accès à l’espace public et aux déplacements est un enjeu important pour l’inclusion des seniors dans la ville. Se déplacer en transports en commun est souvent synonyme pour eux d’insécurité et de prise de risque : sièges peu ergonomiques, temps d’attente, éloignement d’un arrêt de bus… Pour toutes ces raisons, les seniors sont en général très sensibles au développement d’une offre de transport à la demande. À Lyon, le projet associatif MobiSeniors propose un service d’accompagnement pour les personnes âgées dans un rayon de 5 kilomètres autour de leur domicile. Ce service peut être utilisé pour faire des courses, rejoindre des lieux de convivialité ou encore aller chez le coiffeur. Le covoiturage est privilégié, afin de favoriser les rencontres et créer du lien social entre les bénéficiaires. Dans la ville de Grand-Quevilly (Seine-Maritime), une navette a été mise en place pour desservir les espaces seniors. Les usagers s’inscrivent et bénéficient ainsi d’un moyen de transport pour accéder à leurs activités en toute autonomie et en toute sécurité.

Par ailleurs, l’aménagement urbain est en général peu favorable aux seniors. Les personnes âgées utilisent beaucoup la marche pour se déplacer ou faire de l’exercice. La “marchabilité” de la ville devient ainsi un élément essentiel de leur expérience de l’espace public. Les infrastructures piétonnes (zones piétonnes, trottoirs larges, etc.) facilitent leurs déplacements et favorisent donc la présence des seniors dans la ville. En effet, les aînés ont besoin d’une expérience fluide et sans accroc de la ville pour se sentir pleinement en sécurité.

 

Un nécessaire accompagnement humain

L’isolement et la solitude sont deux craintes majeures des seniors : 27% des plus de 60 ans disent en souffrir. Les seniors donc attentifs aux activités qui leur sont proposées tout au long de l’année et aux initiatives qui leur facilitent la vie. Différents types d’actions peuvent être imaginés :

  • Des services de proximité itinérants : dans son baromètre des seniors 2020, l’institut Ipsos a montré que les seniors plébiscitent la mise à disposition de services itinérants. La mise en place de services publics itinérants permet de les aider dans leurs démarches administratives, en particulier pour ceux qui ne sont pas à l’aise avec les procédures dématérialisées. Les cabinets médicaux itinérants constituent quant à eux une solution pour pallier le manque de médecins dans les zones considérées comme des déserts médicaux. Les commerces (boulangeries, épiceries…) ainsi que les services culturels (bibliobus…) sont également très appréciés.
  • Des initiatives en faveur du lien intergénérationnel: les villes voient se développer des espaces qui favorisent les échanges entre générations. Par exemple, des habitats intergénérationnels sont imaginés pour héberger dans un même lieu des étudiants et des seniors. Le développement des tiers-lieux, comme les jardins partagés, encourage également les échanges entre générations autour d’activités partagées et ludiques.
  • Des activités pour créer du lien social : pour rompre l’isolement des seniors, les collectivités territoriales proposent des activités adaptées à leurs besoins. Ainsi, la Communauté de communes de la Plaine dijonnaise propose des séances de “brain gym” dans le cadre d’un projet “Culture, nature et bien-être”. Le Centre intercommunal d’action sociale (CIAS) de Mordelles (Ille-et-Vilaine) a pour sa part signé une convention de partenariat avec l’association Part’âges pour animer un lieu de rencontres dédié aux seniors isolés et aux proches aidants. Une salle de ce lieu est dédiée à des activités de prévention dans le domaine de la santé (taï chi, expression corporelle, sophrologie…) ainsi qu’à des conférences et réunions thématiques. Pendant le confinement, le CIAS et l’association Part’âges ont travaillé main dans la main pour mettre en place une équipe citoyenne de veille téléphonique qui a compté jusqu’à 30 personnes pour 190 bénéficiaires.

Imaginer la ville pour faire face au défi du vieillissement, c’est comprendre les difficultés d’un public vulnérable, les seniors, et apporter des solutions pour améliorer son quotidien. L’adaptation de l’espace urbain vise leur bien-être mais les actions réalisées constituent également un levier pour améliorer le quotidien des autres habitants.