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Comment rendre les transports publics accessibles aux personnes à mobilité réduite ?

25 mai 2020

Malgré la loi Handicap de 2005, la France reste en retard par rapport aux autres pays européens en termes d’accessibilité des transports publics pour les personnes à mobilité réduite. À titre d’exemple, 3% des stations de métro sont aménagées pour ces publics à Paris, contre 82% à Barcelone. C’est dans ce contexte qu’a été promulguée, en décembre 2019, la Loi d’orientation des mobilités (“loi LOM”). Avec un volet dédié à l’accessibilité, elle vise à inciter les collectivités territoriales et les transporteurs à mieux prendre en compte les besoins des personnes à mobilité réduite (personnes souffrant d’un handicap moteur ou sensoriel mais aussi femmes enceintes, personnes âgées…). De nombreuses solutions innovantes ont émergé ces dernières années, apportant des progrès indéniables pour la mobilité de tous. Comment renforcer et développer cette dynamique aujourd’hui ? La smart city apparaît comme un levier à actionner pour faire de la ville un lieu réellement accessible à tous.

 

La smart city : une opportunité pour relever le défi de la mobilité inclusive 

Dans un contexte sociétal qui peine à évoluer malgré la réglementation, associations et start-ups ont développé des applications collaboratives grand public. Destinées à répondre à des problématiques spécifiques, ces initiatives complètent les projets d’urbanisme de plus long terme, portés par les collectivités. Parmi ces solutions, on distingue :

  • Des plateformes de mise en relation

Wheeliz, par exemple, propose un service de location de véhicules entre particulier. Sa spécificité : les véhicules sont adaptés au transport de fauteuils roulants. Mon Copilote propose quant à lui une mise en relation d’accompagnateurs et d’accompagnés pour des trajets de longue distance.

  • Des applications de signalement et d’information fondées sur la géolocalisation

Développée à partir d’un GPS collaboratif pour piétons, l’application StreetCo alerte ses utilisateurs en temps réel sur les obstacles qu’ils peuvent rencontrer sur leur parcours. Jaccede permet d’identifier les lieux accessibles aux personnes à mobilité réduite. Naviguéo+ Hifi constitue quant à lui un dispositif de repérage sonore activable à distance à l’aide d’un smartphone. Destiné aux personnes malvoyantes ou aveugles, ses balises installées dans de nombreux réseaux de transports français transmettent des informations pratiques à des points d’intérêt (entrée des stations, guichet…).

  • Des services de transport à la demande 

Mobili’ty est un service breton de transport complémentaire destiné à tous et adapté aux besoins des personnes à mobilité réduite.

  • Bientôt, des véhicules autonomes ?

La réglementation actuelle ne permet pas aux personnes non titulaires du permis de conduire de piloter un véhicule autonome. Pourtant, cette technologie contrôlée par la voix présente un certain potentiel pour les personnes aveugles et, plus largement, pour tous les publics qui ne peuvent pas se déplacer seuls.

 

Penser usages : la nécessaire prise en compte de l’intégralité du parcours

Ce foisonnement d’initiatives rend service aux personnes à mobilité réduite. Cependant, ces outils répondent à des problématiques spécifiques et ne permettent pas de penser les parcours de mobilité dans leur globalité. Au-delà de la norme, c’est le confort d’usage qui est important. Comprendre les difficultés pour proposer un trajet pour aller d’un point à un autre sans difficultés est une des promesses de la smart city. Pour cela, il est nécessaire de penser la continuité de la chaîne de déplacement et de la chaîne d’information. L’enjeu ? Traiter conjointement les questions d’accessibilité physique et numérique pour garantir un accès aux services à tous les citoyens. La plupart des solutions de mobilité inclusive ont été développées sur des outils digitaux. Or, le handicap concerne de très nombreuses personnes âgées, peu à l’aise avec le numérique. L’inclusivité physique passe donc par l’inclusivité numérique et un nécessaire travail de pédagogie. En s’appuyant sur l’expertise des usagers en situation de handicap et/ou des mises en situation réelle, les villes peuvent améliorer significativement la mobilité des personnes à mobilité réduite.

 

Le rôle de coordination essentiel des collectivités territoriales 

Si, pour des raisons de coûts ou d’outils, les collectivités territoriales ont parfois des difficultés à répondre aux exigences de la loi, elles peuvent s’appuyer sur les nombreuses initiatives portées par des acteurs associatifs et des start-ups. Les collectivités territoriales ont un rôle de chef d’orchestre à jouer pour créer du lien entre ces initiatives. Elles sont également vocation à sensibiliser l’ensemble des parties prenantes du territoire sur ces enjeux pour intégrer, en amont des projets, les besoins des personnes en situation de handicap sans générer de surcoûts. A l’image de l’accessibilité physique de la voirie et des bâtiments, le coût de l’accessibilité numérique est faible lorsque celle-ci est intégrée dans les cahiers des charges dès le départ. C’est à cette condition que la smart city sera véritablement inclusive.