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Réutilisation des eaux usées traitées : une solution face au changement climatique ?
En novembre, les équipes d’Abylon étaient présentes au salon Pollutec. À l’occasion de cet événement incontournable pour les acteurs de l’environnement pour l’industrie, la ville et les territoires, nous avons assisté à des conférences présentant les tendances et défis du secteur. Dans cet article, nous revenons sur un enjeu majeur de la transition écologique : la gestion durable des ressources en eau, et notamment une solution permettant de proposer des alternatives à l’eau potable pour certains usages: la réutilisation des eaux usées traitées (REUT).
La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) : de quoi parle-t-on ?
La REUT consiste à recycler les eaux usées traitées en sortie de station d’épuration urbaine ou industrielle. Il s’agit de réemployer les eaux traitées pour en faire une ressource alternative à l’eau potable et à l’eau brute pour certains usages. C’est aussi un moyen de diminuer la pression sur la ressource hydrique naturelle. En bref, la réutilisation des eaux usées traitées fait entrer l’eau dans le cycle vertueux de l’économie circulaire.
Le Plan Eau du gouvernement Français : une avancée pour le développement de la REUT en France
Actuellement, en France, moins de 1% des eaux usées sont recyclées. En comparaison, la réutilisation des eaux usées traitées est de 14% en Espagne et elle atteint même 90% en Israël. Le Plan Eau, présenté par le gouvernement en mars 2023, vise, entre autres, à développer la REUT en France avec l’ambition d’arriver à 10% d’eau traitée réutilisée d’ici 2030. Le 29 août 2023, un décret est paru, définissant les conditions d’utilisation des eaux usées traitées et simplifiant la procédure d’utilisation de ces eaux. Deux décrets d’application ont été publiés en décembre 2023, ils concernent l’irrigation des espaces verts et l’irrigation indirecte des cultures. D’autres décrets sont attendus, notamment sur l’hydrocurage, le nettoyage de voirie, la lutte contre les incendies… À l’heure actuelle, la législation concerne à la fois les eaux de pluie et les eaux usées traitées urbaines et industrielles.
Comment faire émerger un projet de réutilisation des eaux usées traitées ?
La phase la plus importante, et sans doute aussi la plus délicate, est celle du cadrage du projet. En amont, une étude d’opportunité va permettre de clarifier les contours du projet : quelle station d’épuration est prioritaire sur le territoire ? À quels besoins la REUT doit-elle répondre ? Quelles actions complémentaires doivent être envisagées pour mener le projet ? Quelles sont les sources de financement des investissements à mener ? Quels acteurs vont porter le projet ? Cette dernière question est essentielle : on estime aujourd’hui que 25 à 30% des projets de REUT ont échoué car les parties prenantes ne trouvaient pas de point d’accord.
À titre d’illustration, la métropole de Montpellier porte un projet de réutilisation des eaux usées traitées dans le cadre de l’appel à projets européen “Life Rewa”. Ce projet repose sur 2 piliers : une unité mobile de traitement et une unité fixée dans une station d’épuration. Différents niveaux de qualité d’eau ont été identifiés : dans cette classification, chaque niveau de qualité d’eau correspond à des usages spécifiques après traitement. La phase de test sera lancée à l’été 2025.
Quelles conditions pour qu’un projet de REUT aboutisse ?
Un projet de REUT qui aboutit, c’est avant tout un projet réaliste, porté par une gouvernance transparente, accepté par le territoire et les territoires voisins. Dans la phase de concrétisation, il est important de faire vivre le projet. En effet, l’acceptabilité de ces projets par les habitants des territoires est encore à construire. C’est pourquoi une communication à leur égard est nécessaire afin de les sensibiliser et lever les craintes sur ces nouvelles pratiques.
Dans cette démarche, les collectivités territoriales et porteurs de projets peuvent aussi s’appuyer sur l’OPQIBI (organisme de qualification de l’ingénierie). Cet organisme indépendant joue le rôle de tierce partie pour sécuriser les projets. Ainsi, il intervient en appui aux maîtres d’ouvrage pour sélectionner les prestataires en charge de la REUT sur des critères techniques, légaux et méthodologiques.
