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Faire rayonner son patrimoine avec le numérique

21 septembre 2020

Pour les territoires, le patrimoine est un levier essentiel de développement et d’attractivité. Les musées et sites patrimoniaux se sont emparés très tôt des outils numériques pour enrichir l’expérience de visite. Au-delà de ces lieux de culture, le patrimoine peut être culturel, architectural, historique, naturel ou même immatériel, il concerne alors des entreprises et des professionnels qui perpétuent des savoir-faire anciens dont la transmission est parfois menacée. Depuis quelques années, on constate un intérêt croissant de la part des Français pour le patrimoine, comme en témoigne le succès des émissions télévisées à ce sujet ou encore la création du Loto du patrimoine. Dans ce contexte, collectivités territoriales et sites touristiques investissent le numérique pour attirer les visiteurs, leur offrir une expérience inédite et valoriser leurs atouts patrimoniaux. Abylon vous partage ses coups de cœurs de dispositifs numériques au service du patrimoine.

 

Valorisation du patrimoine : les communes en première ligne 

Si l’État assure la conservation de biens patrimoniaux architecturaux, les communes sont les premières propriétaires de biens immobiliers culturels. Elles détiennent 41% des édifices patrimoniaux protégés, classés ou inscrits au titre des Monuments historiques. 14 670 communes comptent au moins un monument historique sur leur territoire et la majorité du “patrimoine communal” est situé dans des petites communes. Le patrimoine relève du bien commun qu’il faut transmettre aux générations futures. Mais son entretien coûte souvent cher : en 2019, les communes françaises ont investi 295 millions d’euros pour restaurer le patrimoine protégé. D’où la nécessité de le valoriser. Se doter d’outils numériques pour soutenir la diffusion, la médiation et la valorisation du patrimoine dans une nouvelle relation aux publics est un moyen de le préserver et d’en faire un atout pour le territoire.

 

Diffusion : donner envie de découvrir 

Le numérique constitue un levier efficace pour toucher de nouveaux publics. Il peut servir à attirer des touristes mais c’est également un bon moyen de sensibiliser les habitants d’un territoire à la richesse du patrimoine de leur ville. Le patrimoine trouve ainsi toute sa place dans la smart city grâce à des dispositifs numériques hors-les-murs. En témoignent les écrans connectés des nouveaux abribus de Paris. Équipés par la start-up CulturMoov en partenariat avec JCDecaux, 100 écrans font découvrir au grand public des œuvres méconnues, issues des collections de grandes institutions muséales parisiennes.

Les visites virtuelles proposées par de nombreux musées s’inscrivent dans la même dynamique. Il s’agit de créer des contenus originaux pour déclencher une envie de visite. C’est le cas par exemple de l’application gratuite “Vivez Versailles” développée par le Château de Versailles. La proposition est alléchante : revivre chez soi certains grands événements qui ont marqué l’histoire de ce lieu. Ainsi, il devient possible de participer depuis son salon au bal des Ifs, organisé en 1745 par Louis XV. D’autres initiatives, comme la web-série produite par le Musée de la Marine, à propos de sa transformation en cours, ont vocation à éveiller la curiosité ou maintenir le lien avec les visiteurs pendant la fermeture pour travaux.

 

Médiation : offrir une expérience de visite inédite

Le passage au numérique fait désormais partie des priorités des établissements patrimoniaux. Les utilisations du numérique sont nombreuses : applications d’aide à la visite, réalité augmentée, serious games, community management, webdocumentaires… Depuis 2018, le Château de Blois a adopté un dispositif de visite en réalité augmentée : les tablettes Histopad. Ces tablettes proposent aux visiteurs de visualiser en 3D les salles du château qui ont aujourd’hui disparu. Le Théâtre antique d’Orange a quant à lui opté pour un dispositif de réalité virtuelle. Le visiteur peut s’immerger dans une reconstitution numérique du monument tel qu’il était au moment de la fondation de la ville par les Romains.

Certaines collectivités vont jusqu’à proposer des applications territoriales, comme c’est le cas de l’application mobile “Les Voies du Patrimoine”. Développée par la communauté de communes de la région de Guebwiller, cette application constitue un guide de visite entièrement numérique, fondé sur la géolocalisation. Les utilisateurs peuvent suivre des parcours thématiques prédéfinis ou créer leur propre circuit sur-mesure. Le numérique enrichit l’expérience de visite et offre la possibilité de l’adapter à différents publics, par exemple les enfants, les personnes malvoyantes, etc. Ainsi, l’application récemment développée par la Villa Majorelle propose des vidéos explicatives en langue des signes française. Une façon de mettre le patrimoine à la portée de tous.

 

Valorisation : faire rayonner le patrimoine sur le territoire

Les sites patrimoniaux constituent en général des déclencheurs de visite. Certains établissements publics ou collectivités ont donc cherché à développer des outils pour offrir une expérience plus complète du territoire aux visiteurs. Récemment, la Corderie royale de Rochefort a mis en place une balade sonore. Les visiteurs sont invités à découvrir la Corderie et ses jardins, puis à se promener au bord de la Charente. Le dispositif numérique audio alterne voix et témoignages pour faire le lien entre le patrimoine architectural, historique et naturel. En région Nouvelle-Aquitaine, l’application de géocaching Tèrra Aventura propose des circuits de chasse au trésor autour de sites emblématiques et des savoir-faire de la région (la porcelaine de Limoges par exemple). Ces circuits peuvent être filtrés selon le profil choisi : sportif, culture, avec des enfants, etc. L’outil est ludique et encourage la circulation sur le territoire, ce qui permet de mieux répartir les retombées liées au tourisme.

 

Mobilisation : engager les habitants dans la préservation du patrimoine

Les outils numériques sont de bons moyens de mobiliser les habitants dans la préservation du patrimoine. De nombreuses initiatives de crowdfunding (financement participatif) ont été menées, par exemple pour financer des opérations de restauration. Ainsi, en 2016, l’Église de Saint-Germain-des-Prés a mené une campagne qui a atteint une somme record, 135 560 euros. Chaque donateur peut attribuer son nom à une des étoiles qui parent la voûte de l’édifice. La voûte a été recréée sur un site web pour mettre en avant les contributeurs. Autre moyen de faire appel aux habitants : le crowdsourcing, ou production participative. Le concept ? Des amateurs passionnés viennent seconder les institutions dans leurs recherches. Dans le cadre du Centenaire de la Première Guerre mondiale, le défi collaboratif “Un jour, un poilu” a fait appel à des volontaires pour indexer les fiches des soldats morts mises en ligne par le Ministère de la Défense. Une belle initiative mémorielle pour comprendre l’Histoire à hauteur d’hommes et partager ce patrimoine commun.