Mettre l’intelligence collective au service de la ville.

09 décembre 2019

Les collectivités territoriales font aujourd’hui face à de nombreuses mutations qui rendent leur environnement de plus en plus complexe et transforment la façon dont elles conçoivent et mettent en place des politiques de la ville. La population urbaine est en constant accroissement, exerçant une pression sur les territoires urbains : à l’horizon 2050, les 2/3 de la population mondiale vivront dans les villes. Les modes de consommation évoluent également, avec le passage d’une économie de la propriété à une économie de l’usage. De nouveaux acteurs dans le secteur des technologies de l’information et de la communication apparaissent. Les services qu’ils créent sont adoptés par les citoyens, en parallèle des services publics. Dans ce contexte, les démarches de concertation et de collaboration sont devenues incontournables pour construire la ville de demain.

La concertation au service de la prise de décision

Mobiliser les citoyens sur des objectifs opérationnels spécifiques s’avère être une aide utile. Dans un environnement à la complexité croissante, les collectivités territoriales ont besoin de prendre en compte des champs disciplinaires très variés et de faire appel à des compétences transversales et de plus en plus spécialisées. Intégrer les parties prenantes dans la réflexion permet de démultiplier les champs de connaissance pour appréhender l’environnement dans sa globalité. Le Plan Climat Air Énergie Territorial Paris-Saclay 2019-2024 est ainsi issu d’une démarche de concertation qui a associé l’ensemble des parties prenantes : préfecture, habitants, communes, élus locaux, partenaires publics et privés, acteurs académiques et associatifs. Elle a été menée dans l’objectif que chacun puisse s’approprier la feuille de route opérationnelle et réussir collectivement les défis de la transition écologique et énergétique du territoire. Des ateliers de co-construction ont été organisés. Ils ont abouti à l’identification de plus de 200 propositions qui, associées à un diagnostic, ont permis d’élaborer les 126 actions du Plan, en réponse aux spécificités du territoire. Les citoyens sont aujourd’hui habitués à partager leurs avis en temps réel. Face à ce constat, les villes sont invitées à repenser leurs modèles de gouvernance pour s’appuyer sur des processus participatifs et donner aux différentes parties prenantes, dont les citoyens, des espaces d’expression.

L’intelligence collective comme levier d’inclusion

L’intelligence collective consiste à faire converger intelligence et connaissance pour avancer vers un but commun. En ouvrant un espace pour que les parties prenantes partagent leurs expériences, la collectivité s’assure que les intérêts de chacun seront représentés et leurs besoins pris en compte. La collectivité met alors en place un modèle de gouvernance systémique des nouveaux services. Depuis 2015, la ville de Montreuil lance ainsi des budgets participatifs. Les citoyens peuvent proposer des projets relatifs au cadre de vie, qui sont ensuite soumis au vote de l’ensemble de la population. La première édition a révélé que certains publics étaient étrangers à ce type de participation. La collectivité est alors allée à leur rencontre dans différents lieux publics (marchés, terrains de sport, centres sociaux, antennes jeunesse, associations locales…) pour les sensibiliser et les intégrer à cette démarche. Pour ce faire, les différents agents ont été formés et ont bénéficié d’outils ad hoc (vidéos pédagogiques, tutoriels, méthodes d’animation d’atelier collaboratifs…). Ce volontarisme a porté ses fruits : entre 2015 et 2017, le nombre de participants et de votes a plus que doublé. Une façon de garantir le développement de projets approuvés par un nombre toujours plus important de citoyens.