Les économies d’énergie sont un pilier de la transition énergétique. Ainsi, l’Union Européenne a fixé un objectif de réduction de la consommation d’énergie de 20% en 2020, par rapport au niveau de 1990. Afin d’identifier et de générer des gains d’énergie depuis les sites de production jusqu’aux consommateurs finaux, il est nécessaire de disposer de mesures précises et fiables. Les données s’imposent comme un outil incontournable mais quelles économies d’énergie permettent-elles de réaliser ?
Faire des économies d’énergie dans la production
Favoriser l’effacement, c’est-à-dire inciter les gros consommateurs d’énergie à restreindre leur consommation pendant un laps de temps, permettrait de réaliser des économies substantielles. En effet, ce mécanisme lisse la production, ce qui évite la mise en marche de moyens de production supplémentaires en cas de forte demande. Avec la data, il est possible de mieux comprendre la consommation et de construire en temps réel des scénarios complexes avec de multiples variables : capacités de production, postes de consommation, niveau de réaction sur de grands volumes. Ainsi, on peut moduler sans délais la production ou influer sur la consommation. A posteriori, l’analyse des données est également utile pour comprendre les tendances et les comportements. Ces informations rendent possible l’élaboration de modèles prédictifs ou de scénarios pour répondre à des situations à venir, tout en contenant la consommation énergétique.
Repenser le réseau pour réaliser des économies d’énergie
En France, on estime à 10% les pertes d’énergie entre le lieu de production et de consommation. Les nouveaux modes de production d’énergie décentralisés et la dérégulation des marchés laissent envisager l’émergence de fonctionnements collaboratifs, peer-to-peer ou de marchés locaux de fourniture d’énergie. Ces différentes solutions auraient pour avantage de décongestionner les réseaux électriques entre régions. En répondant localement à la demande d’électricité, les pertes sur les lignes à haute tension seraient automatiquement réduites. Une expérimentation a été menée en ce sens à Brooklyn, où l’approvisionnement en énergie provenait de dispositifs d’énergie renouvelable sur des immeubles. En d’autres termes, il était possible d’être fourni en énergie par les panneaux solaires placés sur le toit de son voisin. Les transactions financières et énergétiques étaient quant à elles suivies grâce à la blockchain.
Modifier les modes de consommation
Le secteur du bâtiment représente aujourd’hui 42% de la consommation finale d’énergie en France. Les compteurs communicants et objets connectés fournissent un grand nombre de données pour une analyse fine de la consommation. Disponibles plusieurs fois par jour, elles permettent d’identifier des problèmes d’isolation ou encore des anomalies de fonctionnement pour les quantifier et les prioriser. Selon l’Ademe, grâce aux compteurs communicants de gaz, d’eau et d’électricité, il est possible de réaliser jusqu’à 10% d’économies d’énergie, simplement en surveillant sa consommation. Dans le quartier de Confluence à Lyon, de nouveaux bâtiments sont équipés de nombreux capteurs et d’un cerveau central. Ils sont capables d’adapter les différentes capacités de production d’énergie (pompe à chaleur, panneaux solaires, géothermie) en fonction de la météo ou du taux d’occupation. S’il n’existe pas aujourd’hui de données consolidées sur la consommation du parc immobilier français, des solutions peuvent être envisagées au niveau local. Des entreprises comme Deeki proposent ainsi des solutions de data analytics pour les infrastructures du secteur tertiaire et les groupes immobiliers.
Le big data est une aide précieuse pour réaliser des économies d’énergie. Mais il est lui-même un gros consommateur d’énergie ! Des solutions innovantes ont vu le jour pour limiter les pertes d’énergie au niveau des data centers, tout en bénéficiant des informations apportées par les données. Par exemple, la piscine de la Butte-aux-Cailles (Paris) est chauffée grâce à des serveurs placés dans son sous-sol.