Est-il possible d’innover dans les grands groupes ?

18 janvier 2019

Les success stories des start-up font rêver les grands groupes : ceux-ci ont désormais pris conscience que l’innovation fera partie intégrante de leur succès. Seulement, ces grands groupes sont bâtis sur des processus et des organisations rigides dont ils héritent aujourd’hui : il leur est difficile de transformer leurs modèles qui leur ont permis d’être aussi efficaces qu’ils l’ont été par le passé. Comment ces grands groupes peuvent-ils réussir à se transformer et à développer une véritable culture d’innovation à tous niveaux ?

 

NOUER DES PARTENARIATS AVEC DES ACTEURS EXTÉRIEURS : UNE NOUVELLE FAÇON DE CONCEVOIR L’INNOVATION

Pour innover rapidement tout en minimisant leurs risques, les grands groupes se tournent de plus en plus vers des processus d’innovation par lequel l’entreprise n’est plus « refermée » sur elle-même au sein de son département R&D, mais s’ouvre au contraire sur une diversité d’acteurs extérieurs (start-up, étudiants, chercheurs, clients, etc.). Ces collaborations sont sources de créativité et d’efficacité car ces acteurs sont souvent capables de tester rapidement des nouvelles solutions sur le marché. Ils y trouvent eux aussi un intérêt puisque lors de ces partenariats, ils bénéficient des ressources, des expertises et des financements apportés par la puissance des grandes entreprises.

Il n’est donc pas étonnant d’assister à un véritable essor des challenges Open Innovation, moyen de collaboration entre différentes structures qui permet à chacun des acteurs de bénéficier des forces de l’autre. Veolia et le Mans Métropole, avec l’accompagnement d’Abylon, ont lancé un challenge d’Open Innovation destiné à trouver des solutions pour réduire et valoriser les eaux usées. Sur la quarantaine de start-up ayant répondu à ce challenge, 11 ont été sélectionnées et ont bénéficié d’un mois de mentorat par un expert Veolia pour développer leurs projets. Les deux start-up gagnantes évaluent la possibilité de mettre en place leurs solutions en collaboration avec Veolia auprès de ses clients.

Ces partenariats sont plébiscités par les grandes entreprises car elles peuvent y puiser une large quantité d’idées et les tester rapidement. Néanmoins, comment les grands groupes peuvent-ils adapter leurs modes de fonctionnement pour faire émerger les idées au sein même de leurs entreprises, et ainsi développer une source d’innovation en interne ?

 

S’INSPIRER DES MÉTHODES START-UP POUR INSUFFLER LA CRÉATIVITÉ AU COEUR DE L’ENTREPRISE

Si les start-up sont innovantes et agiles, c’est parce qu’elles doivent trouver un business modèle porteur avant d’épuiser leurs moyens. Il est donc nécessaire pour elles de tester leurs solutions autant que possible sur le marché tout en utilisant un minimum de ressources (temps, budget, compétences…) : c’est la méthode lean start-up. Cette démarche est souvent aux antipodes de celle des grandes entreprises qui, elles, peuvent investir très tôt dans un projet : elles possèdent les ressources nécessaires et y trouvent un moyen de réduire les risques lors de la sortie sur marché. Cependant, dans une économie compétitive où il est de plus en plus difficile de maintenir ses parts de marchés, les grands groupes peuvent se retrouver à lancer leurs produits en retard par rapport au marché.

Sans pour autant perturber toute l’organisation de l’entreprise, comment est-il possible d’insuffler un esprit d’innovation, de prise de risques et de créativité ? Un des moyens d’y parvenir est de pratiquer, sur des projets définis, l’intelligence collective : ce concept désigne les capacités cognitives d’une communauté résultant des interactions multiples entre ses membres. Au sein des entreprises, cela se traduit par l’application sur certains projets de nouvelles méthodes comme le Design Thinking, méthode basée sur la co-créativité, la confiance et l’empathie. Accompagnée par Abylon, Veolia Eau France s’est ainsi appuyée sur des ateliers de Design Thinking pour lancer le projet de construction d’une vision commune centrée sur le consommateur.

Pour que ces méthodes soit réellement efficaces, elles doivent reposer sur le principe de la hiérarchie horizontale : lors des ateliers de travail, tous les statuts sont réunis mais doivent être oubliés afin que chacun ait la même voix, ce qui permet d’assurer la synergie du groupe. Ce nouveau mode de management collaboratif donne une vraie preuve de confiance aux employés, leur permettant ainsi de libérer toute leur créativité et porter une véritable culture d’innovation intra-groupe.

C’est ainsi qu’est née, au sein de Veolia Eau, la communauté des “sponsors du changement” : une trentaine de personnes volontaires, issues du terrain et des différentes filières, se sont engagées pour remettre les collaborateurs au coeur de l’organisation. Ces sponsors, formés à l’intelligence collective, ont pour objectif d’accompagner le changement de culture managériale, notamment en partageant leur propre expérience du changement et en mettant à l’honneur les initiatives prises par les salariés. “Le changement ne se décrète pas, il s’accompagne. Les sponsors sont là pour animer cette dynamique, donner à tout un chacun l’envie de participer et soutenir les collaborateurs qui souhaitent porter des projets de transformation et d’amélioration du quotidien” déclare Laurence Mirre, directrice financière de Nova Veolia.

Même si ces pratiques commencent à se généraliser au sein des grandes entreprises, leurs véritables défis aujourd’hui consistent à décloisonner leurs organisations et à transformer leurs modes de management vers une vraie dynamique de collectif, porteuse de créativité et d’innovations pour attirer les nouvelles générations et rester compétitifs.