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« Cahiers de rentrée » – Démocratie participative : portrait-robot du citoyen engagé

24 août 2020

Au printemps, Abylon a mené, en partenariat avec La Gazette des Communes, une étude sur l’appropriation des mécanismes de démocratie participative au sein des collectivités territoriales. 

D’un côté, les Français se déclarent favorables à une participation plus forte dans la vie de la cité. Pourtant, sur le terrain, on constate que les citoyens sont en retrait par rapport aux modalités de la participation politique. Avec cette étude, nous avons cherché à comprendre les mécanismes qui sous-tendent ce paradoxe. 

 

Qui sont les citoyens qui s’engagent dans des démarches participatives ?  

Premier constat : les Français ayant connaissance d’actions de démocratie participative menées dans leur commune sont peu nombreux (232 personnes sur notre échantillon représentatif de 1000 personnes). Ils sont encore moins à s’engager : sur notre échantillon, seules 85 personnes ont déclaré avoir participé à une action sur leur territoire. 

Un trait commun est partagé par ceux qui s’impliquent dans les démarches participatives de leur territoire : le plus souvent, ce sont des citoyens déjà politisés. Ainsi, 80% des répondants à notre sondage qui adhéraient à un parti politique ont déjà été sollicités par leur collectivité dans le cadre d’une démarche de concertation citoyenne. Ce sont également 80% des répondants qui, étant déjà impliqués dans la vie de leur collectivité, ont participé quand ils ont été sollicités. Parmi la population générale, ce chiffre tombe à 67%. 

Les participants sont plutôt âgés. L’âge est un facteur important dans la perception et l’implication des citoyens dans ces initiatives. Si les jeunes semblent plus au fait des initiatives déployées par leur collectivité (30% déclarent en avoir connaissance, contre 23% au global), ils sont moins enclins à participer. Ainsi, 70% des 18-34 ans et 65% des moins de 42 ans qui se sont déjà engagés dans une concertation publique l’ont fait moins de trois fois, contre 40% de la population générale.

Les démarches de démocratie participative constituent des pratiques plus ancrées chez les CSP+. Ainsi, les segments de population les plus aisés s’investissent depuis plus longtemps (plus de 3 ans à 56%, 76% depuis moins de 3 ans chez les CSP-).      

 

Quels sujets mettent-ils sur la table d’une concertation publique ? 

L’environnement, la sécurité et les questions sociales sont les trois préoccupations majeures des citoyens qui se mobilisent dans le cadre de concertations publiques. Pourtant, les collectivités territoriales plébiscitent plutôt des sujets liés à l’urbanisme, l’éducation et les transports.  Ces quelques traits soulignent un enjeu pour les collectivités territoriales : la nécessité de diversifier les profils de participants pour renforcer la légitimité des recommandations issues des démarches de démocratie participative.  

 

Comment faire pour mieux engager les citoyens dans des concertations citoyennes ? 

La représentativité est un ingrédient fondamental pour assurer la tenue d’un débat public de qualité puis légitimer les recommandations et décisions qui en découlent. 

Les consultants d’Abylon en lien avec leurs partenaires ont identifié des pistes pour toucher des publics plus larges. 

  • En amont, élaborer une cartographie des parties prenantes et des populations du territoire permet de déterminer précisément à qui la collectivité souhaite s’adresser. 
  • À partir de cette cartographie, définir son ambition en termes de représentativité  pour les  publics ciblés : combien de participants sont attendus ? quelle répartition géographique ? démographique ? sociologique ? 
  • Sur cette base, définir les caractéristiques de l’échantillonnage pour garantir la représentativité attendue en fonction de critères prédéfinis. 
  • Enfin, les quotas de l’échantillon sont suivis en temps réel pour assurer la représentativité du débat et mettre en place des mesures d’ajustement au besoin. 

Chez Abylon, nous accompagnons également les collectivités dans l’animation du débat pour s’adapter à tous les publics : 

  • Nous aidons les collectivités à mettre en place des solutions numériques de la civic tech pour toucher les publics les plus agiles avec le digital. Ces interfaces numériques visent à transformer les relations entre les citoyens et leurs représentants. Au cours de la campagne pour les élections municipales par exemple, on a pu observer des mécanismes de co-construction de programmes, avec les militants mais aussi avec des publics moins proches de la vie politique de leur commune.
  • Pour élargir le cercle des participants aux concertations, il peut être nécessaire d’aller à la rencontre des publics les plus éloignés de la vie civique. C’est ce qu’a fait la Commission Nationale du Débat Public dans le cadre du projet de liaison ferroviaire Roissy-Picardie. Treize débats mobiles ont eu lieu à différents points du territoire (Picardie et Val d’Oise) pour toucher tous les publics.
  • Certains débats peuvent se révéler techniques : afin que les citoyens se sentent eux-mêmes légitimes pour y participer, il est parfois nécessaire de les former ou de les conseiller. Dans le cadre de la Convention citoyenne pour le climat, des citoyens ont été formés et accompagnés par des experts pour dépasser les limites liées à la méconnaissance des sujets. Une bonne façon de donner aux citoyens les moyens de prendre des décisions éclairées.

 

Et vous, avez-vous déjà pris part à des initiatives de démocratie participative ? Quelle a été votre expérience ?