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L’intelligence artificielle, alliée idéale de la smart city ?

19 juin 2020

Dès que l’on parle d’intelligence artificielle, de nombreux fantasmes émergent. Pourtant, sous l’effet de la digitalisation, avec l’augmentation considérable du volume de données disponibles et l’amélioration de la puissance de calcul, il est assez logique que l’IA émerge avec force aujourd’hui. Au niveau national, elle est portée par une politique volontariste, dont le rapport “AI for humanity”, rédigé par le député Cédric Villani, a été l’un des jalons. Comment les territoires peuvent-ils se saisir de ces nouveaux outils pour améliorer le service rendu au citoyen ou le fonctionnement interne des collectivités ? Si les initiatives sont encore timides, des cas d’usages émergent peu à peu dans l’Hexagone avec la mise en place de démarches smart city. Il y a fort à parier qu’ils seront de plus en plus nombreux dans les années à venir.

 

L’intelligence artificielle, comment ça marche ?

L’intelligence artificielle (IA) est un programme informatique qui a été entraîné à reconnaître des situations typiques, de faible variabilité, similaires aux situations auxquelles les IAs vont être confrontées. Par exemple, une IA de reconnaissance d’écriture manuelle va être exposée à un ensemble de chiffres et lettres écrits à la main par des personnes différentes. Ces décisions sont limitées et spécifiques. Les IAs sont donc particulièrement efficaces quand il s’agit de prendre des décisions répétitives, répondant à des règles claires et définies. Il s’agit par exemple de proposer des recommandations d’achats inspirées de commandes antérieures sur des sites de e-commerce. Les décideurs perçoivent aujourd’hui le potentiel de l’intelligence artificielle pour de nouveaux cas d’usages. Une volonté émerge de déléguer à des intelligences artificielles des décisions plus complexes dans des champs comme l’éducation, l’urbanisme, la santé, le social, etc. Ils se retrouvent néanmoins souvent confrontés aux limites techniques et éthiques de l’IA, une technologie encore en voie de maturation.

 

Quelles utilisations de l’intelligence artificielle par les collectivités territoriales ?

Aujourd’hui, lorsque les collectivités territoriales ont recours à l’intelligence artificielle, c’est avant tout dans une recherche d’efficacité dans leurs processus métiers. Les domaines les plus investis sont la prévention des risques, la mobilité et l’environnement. En effet, on peut appliquer à ces domaines plus facilement qu’à d’autres des technologies de reconnaissance d’images, de tracking d’activité sur la voie publique ou des capteurs de remplissage, par exemple dans les conteneurs de déchets. Les domaines d’application sont potentiellement très nombreux : décongestion du trafic, optimisation du pilotage énergétique des bâtiments ou du positionnement des bornes de tri, enregistrement et synthèse des conseils municipaux, détection de mobilier urbain endommagé… Le plus souvent, les solutions développées avec de l’intelligence artificielle sont basées sur une collecte régulière de données. Elles ont vocation à être des outils d’aide à la prise de décision et poursuivent deux objectifs : améliorer le service rendu aux citoyens et/ou aux agents, générer des économies pour la collectivité.

Certaines collectivités se sont déjà lancées dans des projets smart city complexes intégrant l’intelligence artificielle :

  • La Métropole de Rouen Normandie a mis en circulation trois véhicules autonomes sur son territoire. L’objectif du projet est de comprendre et d’anticiper les conséquences de l’apparition de véhicules autonomes sur la voirie et de proposer des infrastructures adaptées.
  • La Métropole d’Aix Marseille Provence a quant à elle mis un traitement automatique des demandes, via trois agents conversationnels positionnés sur différents canaux. Cette solution, fondée sur la reconnaissance d’images et le traitement du langage naturel, vise à dégager du temps aux agents pour traiter les demandes les plus complexes. C’est aussi un moyen d’apporter des réponses aux usagers du territoire 24h/24, 7j/7, sans attendre l’ouverture d’un guichet ou d’un accueil téléphonique.
  • Le département de l’Hérault a lancé un projet de détection automatique des occupations illégales des sols. L’objectif ? Lutter contre les constructions irrégulières, les décharges sauvages, le déboisement… L’utilisation de drones entraînés à l’intelligence artificielle a contribué à orienter les contrôles de terrain vers les situations problématiques. Un gain de temps et d’efficacité non négligeable pour les agents.

 

Comment un territoire peut-il s’emparer de l’intelligence artificielle ?

Le premier prérequis pour mettre en place une solution fondée sur l’intelligence artificielle est de disposer de données de qualité. En d’autres termes, les données doivent être valides, actuelles et correctement classées car leur hétérogénéité rend leur exploitation difficile. Il est également recommandé de mettre en place une gouvernance transversale. C’est à cette condition que la collectivité pourra bénéficier de l’ensemble des compétences métiers qu’elle rassemble et assurer le partage des données entre les services. Pour commencer, les collectivités peuvent s’appuyer sur des solutions proposées par des start-ups. Bien qu’elles ne soient pas développées spécifiquement pour répondre aux besoins d’un territoire en particulier, ces solutions peuvent être adaptées et mises en œuvre rapidement. Ainsi, une start-up comme Qucit propose une plateforme de calcul du taux de remplissage de stations de vélos en libre-service. En fonction de la demande et de variables prévisibles (vacances…), elle permet d’optimiser les tournées des équipes chargées de replacer les vélos.

Si une collectivité souhaite développer une solution propriétaire basée sur une intelligence artificielle, un important travail doit être mené en amont. La condition de réussite d’une intelligence artificielle se trouve dans le choix des situations d’entraînement et des paramètres décisionnels. À partir des scénarios d’entraînement, les intelligences artificielles construisent leur propre raisonnement. Il est donc nécessaire pour la collectivité d’intégrer des mécanismes de transparence pour rendre compte de la façon dont sont utilisées les données produites par les citoyens. C’est dans ce sens que la Métropole de Nantes a adopté une Charte de la donnée métropolitaine. Une façon d’encadrer les usages tout en se donnant les moyens d’inventer de nouveaux services publics.