Sport et numérique dans la smart city

16 mai 2021

Montres connectées, ceintures pectorales intelligentes, applications, outils collaboratifs en ligne… : la transformation numérique fait évoluer les pratiques sportives. Dans le livre blanc “Sport Smart City”, Alain Loret souligne que le domaine du sport évolue doublement avec le numérique. Celui-ci change les habitudes des sportifs (“le sport qui se pratique”) mais aussi celles des spectateurs des événements sportifs (“le sport qui se regarde”). Quelle place le sport prend-il dans la smart city ? Comment, en retour, la smart city le fait-elle évoluer ? Quelques perspectives avec Abylon.

 

Le numérique transforme les pratiques sportives 

La place grandissante des usages numériques dans le sport. L’irruption des applications fait évoluer les pratiques des sportifs, notamment en ville et pour les sports individuels (course, vélo, street workout…). Les sportifs urbains ont recours à des applications à l’image de Calesthenics Parks. Cette solution digitale référence des sites d’entraînement de street workout mis en place par les villes partout dans le monde. La communauté d’utilisateurs peut ainsi noter les installations et compléter la liste. Un écosystème s’est également développé pour les cyclistes avec de nombreuses applications de planification de parcours vélo, à l’instar de Komoot, BikeMap ou Géovélo. Il existe enfin des réseaux sociaux de sportifs qui incitent les utilisateurs à partager leurs parcours et leurs performances avec les autres membres.

La place de plus en plus importante prise par les start-ups en matière de sport se traduit par une baisse du nombre de licenciés et une évolution du rapport aux fédérations sportives. Du côté des collectivités, ce changement crée des difficultés à connaître la réalité des pratiques sportives sur leur territoire. Les données étant détenues par des entreprises, les collectivités disposent de moins d’informations pour adapter leurs aménagements et favoriser la pratique sportive auprès de leurs habitants.

 

Une nouvelle gouvernance du sport en ville. Pour mieux comprendre les pratiques sportives des citadins, certaines collectivités nouent des partenariats avec les start-ups. Strava, un réseau social pour les coureurs et cyclistes, a ainsi développé la solution Strava Métro, à destination des villes. Cette offre, déjà adoptée par Oslo, Seattle ou encore Helsinki, permet aux villes de connaître les parcours les plus empruntés par les sportifs urbains afin d’améliorer les infrastructures, à partir de données anonymisées. Les urbanistes et décideurs peuvent s’en saisir pour analyser l’évolution des déplacements et améliorer les infrastructures destinées aux piétons et aux cyclistes. La Métropole de Lyon a ainsi intégré les données de Strava Métro à son Observatoire des mobilités. Un moyen de pallier l’absence de données publiques sur ces questions.

Certaines villes investissent elles aussi le domaine du numérique sportif. La ville de Lyon a par exemple développé l’application enform@lyon pour proposer des parcours sportifs. Course ou marche, entraînement intensif ou simple balade : les parcours proposés sont adaptés à tous les niveaux. Certains parcours sont aussi accessibles aux personnes à mobilité réduite. L’application constitue ainsi un moyen de découvrir la ville tout en prenant soin de sa santé. Elle embarque un audioguide pour une découverte culturelle de la ville selon les différents parcours. Les habitants peuvent participer à des activités gratuites encadrées par des coachs professionnels. Des défis à relever ajoutent une brique de gamification.

 

 

Une nouvelle expérience des événements sportifs 

L’émergence du stade connecté. Le sport dans la ville, ce sont aussi des événements sportifs, au sein d’infrastructures qui accueillent parfois jusqu’à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Ces événements sont des facteurs d’attractivité pour les villes et le numérique vient aujourd’hui transformer l’expérience des spectateurs. Il s’agit à la fois de rendre l’expérience du stade plus agréable afin d’augmenter la fréquentation et de proposer de nouveaux services pour générer des revenus plus élevés les jours de match. Ainsi, l’Allianz Arena de Munich, qui peut accueillir jusqu’à 75 000 spectateurs, a créé un parcours visiteur complet, notamment pour gérer les flux d’arrivée et de départ.

Avant les événements, l’application du stade recommande des modes de transport en fonction de la circulation. Afin d’éviter les engorgements, elle dirige automatiquement les visiteurs qui arrivent en voiture vers des parkings non saturés. De nombreux capteurs ont été disposés sur le bâtiment pour avoir une vision de l’affluence en temps réel. Les équipes d’accueil disposent ainsi d’une carte de chaleur qui leur permet de ventiler les flux de visiteurs entre les différentes portes et d’allouer plus de personnel à certaines entrées en fonction des besoins. En cours de match ou de compétition, les capteurs sont capables d’analyser les sentiments de la foule. Ces données sont alors utilisées par la boutique pour anticiper les stocks à renforcer selon la popularité estimée de certains joueurs. Après le match, les visiteurs peuvent savoir combien de temps ils vont mettre pour sortir du stade grâce à la géolocalisation. Toutes ces informations sont envoyées directement sur les smartphones ou les montres connectées pour fluidifier l’expérience des spectateurs.

 

JO Paris 2024 : un laboratoire géant des dernières tendances du numérique. Les JO de Paris sont ceux de la smart city : ils veulent s’appuyer sur une ville connectée, durable et intelligente, pilotée par les données. Des outils fondés sur l’intelligence artificielle, l’internet des objets ou encore le big data ont vocation à mieux gérer les flux (spectateurs, délégations nationales, organisation…) pour éviter la congestion des réseaux de transport et améliorer le confort dans la ville, tout en répondant aux défis énergétiques. Pour cela, un fonds d’innovation, le Paris Fonds Vert, a été doté de 12 milliards d’euros. Les entreprises dans lesquelles ce fonds prend des parts ont vocation à présenter un démonstrateur de leur service pour l’événement. C’est le cas de Labcoor, une start-up née dans l’Essonne. Celle-ci développe une solution mobile innovante pour rendre les contrôles d’accès plus fluides et plus rapides, tout en assurant la sécurité de l’événement.

“L’important, c’est de participer”, disait l’inventeur des Jeux Olympiques modernes, Pierre de Coubertin. C’est aussi la philosophie de Solidéo, l’établissement public chargé de la livraison des ouvrages olympiques pour les JO de 2024. Solidéo a en effet développé un serious game spécialement dédié aux habitants de Seine-Saint-Denis, dont les communes vont accueillir le futur village olympique. Cette démarche de concertation en ligne vise à consulter les habitants dans le choix du mobilier urbain pour les espaces publics de ce nouveau quartier. Un outil qui contribue à mobiliser pour l’événement et à répondre aux besoins des habitants.