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Le littoral face au changement climatique

11 septembre 2020

Avec 650 kilomètres de littoral en recul sur les 7000 kilomètres de côtes que compte le pays, la France fait partie États européens les plus touchés par le réchauffement climatique. Le littoral regroupe des territoires très différents qui doivent faire face à des enjeux communs : la protection d’un écosystème délicat, une attractivité très forte, la présence de nombreuses activités (pêche, industrie, tourisme, agriculture, loisirs…). Tous ces éléments rendent le littoral particulièrement fragile face au changement climatique. Comment les collectivités territoriales peuvent-elles concilier les enjeux économiques et environnementaux dans les zones côtières ?.

 

Viser un aménagement durable des zones côtières

Sur les 650 kilomètres en recul sur le littoral français, 270 kilomètres de côtes perdent en moyenne 50 centimètres par an. Si l’érosion côtière est liée à la hausse du niveau de la mer et à des tempêtes plus fréquentes et plus intenses, l’activité humaine aggrave nettement ce phénomène. En effet, les territoires littoraux sont attractifs et l’urbanisation y est très développée. Les communes littorales concentrent 10% des habitants du pays et la densité de population sur les côtes est 2,5 fois supérieure à la moyenne nationale. Qui plus est, la tendance est prévue à la hausse puisque des projections estiment que 3,4 millions d’habitants supplémentaires vivront dans les départements littoraux d’ici 2050. La démographie, couplée au dynamisme économique, pèse sur cet espace fragile, qui héberge des écosystèmes spécifiques et délicats.

Pour protéger le patrimoine naturel des littoraux, il devient nécessaire de repenser l’organisation territoriale des zones côtières afin de parvenir à un aménagement durable. Engager les citoyens est un ingrédient essentiel pour parvenir à une définition durable d’un territoire. C’est dans ce sens que les territoires de la Baie de Somme ont lancé une concertation à grande échelle cet été. Cette démarche participative portée par le Syndicat mixte de la Baie de Somme vise à informer les habitants et à partager les solutions à envisager pour répondre aux différents risques que le changement climatique fait peser sur la région. Six ateliers seront menés jusqu’en mars 2021 pour imaginer les aménagements futurs et faire face à la submersion marine et à l’érosion. La totalité des échanges et des scénarios seront partagés au cours d’une réunion publique qui se tiendra en juillet 2021.

 

Une nécessaire coordination des politiques locales

Aujourd’hui, la loi Littoral (adoptée en 1986) constitue le principal cadre juridique de la préservation du littoral. Elle concerne les 1212 communes riveraines de la mer, de grands lacs, d’estuaires ou de deltas pour tenter de concilier la protection des espaces naturels et le développement économique des territoires. Elle a notamment instauré un principe de protection graduée pour rendre l’aménagement des littoraux plus durable. La tempête Xynthia (2010) a fait évoluer les consciences en matière de gestion du littoral. À l’heure actuelle, 60% des territoires identifiés comme prioritaires sont dotés d’un plan de prévention des risques qui régule les constructions. Intégrer la gestion du littoral dans les schémas de coopération intercommunale renforce le rôle des collectivités territoriales dans la lutte contre le changement climatique.

Privilégier une approche intercommunale permet d’étendre la perspective d’aménagement et les possibilités de localisation des différentes activités. C’est à cette échelle que la métropole Aix-Marseille a entamé une démarche de gestion de ses 255 kilomètres de littoral en 2017. Celle-ci a donné lieu à la rédaction d’un Livre Bleu, un projet fédérateur visant à développer les activités sur ces zones tout en les préservant. Tous les acteurs compétents sur le sujet ont été associés à la réflexion pour aboutir à un projet partagé et définir les fondements d’une gouvernance littorale qui s’incarne aujourd’hui dans un programme d’actions 2018-2022. Cette approche présente l’avantage d’anticiper les évolutions en développant une expertise partagée. Elle peut être complétée par une mobilisation du grand public, par exemple par des campagnes de sensibilisation à l’évolution du trait de côte.

 

Quels leviers pour limiter les effets du changement climatique sur le littoral ?

Des leviers très différents peuvent être mobilisés dans une perspective de mitigation des effets du changement climatiques sur les espaces littoraux :

  • Ériger des barrières physiques contre la montée des eaux : cette solution technique consiste à installer des ouvrages de protection comme des digues. Cette solution s’inscrit dans le court terme puisqu’elle crée elle-même de nouveaux problèmes : elle contribue à la dégradation des côtes voisines. 
  • Mettre en place des programmes fondés sur la nature ou la renaturation : la voie de la nature ou de la renaturation s’appuie sur les milieux naturels côtiers pour renforcer la résilience des espaces littoraux. Il s’agit par exemple de planter des oyats sur les dunes. Ces actions apportent également un gain en termes de biodiversité locale. 
  • Rechercher un équilibre entre préservation des espaces naturels et développement des activités : la maîtrise de l’urbanisation des zones affectées par le changement climatique constitue un moyen de réduire l’exposition à différents types de risques. C’est cette solution, parfois complexe à mettre en œuvre à cause de l’attractivité des zones concernées, qui a été choisie par la ville de Lacanau. Menacée par l’érosion côtière, la ville a gelé les constructions et l’augmentation des capacités d’accueil touristique sur le front de mer. 
  • Relocaliser certaines activités : cette solution est aujourd’hui très complexe à mettre en œuvre, à cause des coûts qu’elle engendrerait mais également car l’outillage juridique actuel reste insuffisant.

S’appuyer sur l’écosystème de l’innovation 

De nombreuses startups et entreprises innovantes se positionnent aujourd’hui sur la protection du littoral et la préservation des mers. S’appuyer sur cet écosystème permet d’identifier des solutions innovantes et d’accompagner la croissance de ces acteurs vertueux. Le Challenge My Med sur la protection du littoral méditerranéen, mené en 2020 par le Club Top 20 dans la Métropole Aix-Marseille-Provence en partenariat avec la Région Sud, s’est inscrit dans cette logique par un concours d’innovation ouverte. Les entreprises du territoire ont ainsi récompensé six startups pour leur action en faveur de la protection du littoral méditerranée.