Anticiper 2050 : Quand l’eau devient l’or bleu de demain

12 février 2025

Imaginez un instant que l’eau devienne aussi précieuse que l’or. Ce scénario pourrait bien devenir réalité d’ici 2050. Les dernières études nous alertent : l’eau douce qui se renouvelle à travers le cycle de l’eau a diminué de 14% en seulement 10 ans sur le territoire hexagonal. Nous avons assisté à l’événement « Prospective eau 2050 : anticiper les tensions sur la ressource en eau » organisé par France Stratégie, institution d’analyse autonome auprès du Premier ministre, le mardi 21 janvier 2025 afin de comprendre les futurs besoins et usages de l’eau.

 

Le défi de la disparité

Les besoins en eau seront variés selon les territoires de la France hexagonale. Certaines régions, notamment dans le sud de la France, pourraient voir leur demande doubler, en particulier pour l’irrigation agricole. Cette disparité géographique s’accompagne d’une variabilité saisonnière accrue : les prélèvements pour l’irrigation sont concentrés entre mai et septembre chaque année. De plus, transporter de l’eau émet des gaz à effet de serre et elle se dégrade lors du stockage.

 

L’effet papillon des choix de société

Bien que l’étude de France Stratégie prévoit une tendance à la baisse ou à la stagnation des prélèvements d’eau au niveau national d’ici à 2050, cette réalité est bien plus complexe et variable selon les régions et les usages.

L’agriculture, actuellement responsable d’environ 10% des prélèvements d’eau en France, pourrait voir sa part augmenter significativement. L’irrigation deviendrait le premier préleveur, son volume étant étroitement lié au climat et à la météo locale. Selon les projections, les besoins en eau pour l’irrigation pourraient augmenter jusqu’à 50% d’ici 2050 dans certaines régions du sud de la France.

Cependant, les tensions sur la ressource en eau ne sont pas uniquement liées à l’agriculture et l’irrigation. Le secteur énergétique, pour le moment le plus grand consommateur d’eau avec environ 45% des prélèvements totaux, pourrait voir sa demande évoluer considérablement en fonction des choix de mix énergétique. Par exemple, une transition vers des énergies locales et décarbonées pourrait significativement réduire la consommation d’eau du secteur.

L’industrie, qui représente approximativement 6% des prélèvements d’eau, verra également sa demande fluctuer en fonction des choix d’industrialisation ou de désindustrialisation des territoires.

 

Quelles solutions ont été partagées ?

L’échelle locale pour identifier des solutions adaptées
Face aux défis complexes de la gestion de l’eau, l’échelle locale permet d’identifier et mettre en œuvre des solutions sur mesure. Le 1er élément clé de cette approche est un diagnostic partagé des ressources et besoins futurs. Les experts soulignent que ce diagnostic, réalisé à l’échelle de chaque territoire, constitue un ingrédient essentiel pour poser les bases du débat et des échanges dans de bonnes conditions. Il établit une compréhension commune des enjeux et des ressources disponibles, et permet d’anticiper les futures tensions.

Le renforcement des instances locales, telles que les comités de bassin, favorise un dialogue constructif entre les différents usagers de l’eau. Cette concertation permet d’impliquer tous les acteurs et d’élaborer des solutions adaptées aux enjeux spécifiques de chaque territoire.

Par exemple, à l’échelle métropolitaine, Lyon a intégré la gestion de l’eau dans sa stratégie d’urbanisation. La ville intègre la question de l’eau dès la conception des projets, impliquant activement les parties prenantes locales.

Conclusion : Vers une approche locale et transversale de l’eau.
L’avenir de la gestion de l’eau repose sur une approche à la fois locale et transversale. L’eau n’est plus considérée comme un simple service, mais comme une matrice de politique publique qui irrigue tous les aspects de la vie territoriale. Cette vision implique que les projets intègrent désormais la question de l’eau dès la conception.

Cette approche nécessite une collaboration étroite entre tous les acteurs du territoire : collectivités, entreprises, agriculteurs et citoyens. Elle exige également une gouvernance adaptée, capable de prendre en compte les spécificités locales tout en s’inscrivant dans une stratégie globale de gestion durable de la ressource.

Dans ce contexte, des solutions innovantes comme la réutilisation des eaux usées traitées (REUT) émergent également comme des options viables pour répondre aux défis de la gestion de l’eau, notamment pour l’irrigation. Ces approches, qui permettent d’optimiser l’utilisation des ressources hydriques, s’inscrivent pleinement dans une logique de gestion durable de l’eau. Pour approfondir ce sujet, nous vous invitons à consulter notre article dédié à la REUT et son potentiel face au changement climatique.