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Les Cahiers de l’Automne Coworking : travailler, mutualiser, dynamiser

25 octobre 2020

Dans sa série d’automne, Abylon se penche sur les tiers-lieux, ces espaces d’innovation sociale qui occupent aujourd’hui une place de choix dans le quotidien de nombreux Français. Après les fablabs et les jardins partagés, zoom sur un espace né d’un nouveau rapport au travail : le coworking.  

La crise liée à la Covid-19 a imposé un recours soudain et massif au télétravail pour assurer la continuité de service dans de nombreux secteurs d’activité. Si de nombreux professionnels ont découvert le travail à distance à cette occasion, ce n’est sans doute pas le cas de ceux qui fréquentaient les espaces de coworking avant le déclenchement de la pandémie. Nés il y a une vingtaine d’années, les espaces de travail partagé ont d’abord été le repaire de professionnels de l’informatique. Ils se sont peu à peu ouverts à tous les domaines, au point de devenir des espaces hybrides, rassemblant start-ups, TPE et professionnels indépendants. Si bien qu’aujourd’hui, on retrouve des espaces de coworking non seulement dans les métropoles, mais aussi dans les villes moyennes et les territoires ruraux. Qu’est-ce qu’un espace de coworking peut apporter à un territoire ? Abylon fait le point sur la question.

 

Pourquoi installer un espace de coworking sur votre territoire ? 

Dans les métropoles, le marché des espaces de coworking est largement occupé par acteurs privés. La question de l’installation d’un tel espace ne revêt pas la même importance pour les acteurs publics que dans les zones périurbaines ou rurales. Dans les villes moyennes ou les petites villes, les espaces de coworking participent à la dynamisation économique et sociale des territoires. En particulier, on peut citer trois avantages pour les collectivités territoriales des zones concernées :

  • Attirer de nouveaux habitants : après le confinement du printemps 2020, les citadins n’ont jamais eu autant envie de se mettre au vert. Ceux d’entre eux qui travaillent dans le secteur tertiaire peuvent exercer leur activité à distance, au moins quelques jours par semaine. S’ils décident de s’éloigner d’une métropole pour gagner en qualité de vie, la présence d’un espace de coworking constitue pour eux un élément d’attractivité fort. Une collectivité dotée d’un tel équipement aura donc plus de chances de les voir s’installer sur son territoire. Le télétravail n’est pas une mode passagère, c’est une tendance de fond : déjà avant la crise de la Covid-19, il concernait 17% des actifs.
  • Soutenir l’activité économique locale : les zones rurales et périurbaines sont bien souvent désertées par les travailleurs pendant la journée. Ouvrir un espace de coworking dans le centre-ville d’une petite ville ou d’une ville moyenne constitue un moyen d’œuvrer à sa revitalisation. La présence d’actifs pendant la journée soutient l’activité économique locale. Restaurants, activités de loisirs ou de services (pressings, coiffeurs, etc.) bénéficient de retombées économiques qui, sinon, partiraient dans les métropoles.
  • Agir en faveur du développement durable : l’installation d’un espace de coworking peut également être considérée comme un axe de maîtrise des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire. En effet, en permettant aux habitants de travailler à proximité de leur domicile, on évite les migrations pendulaires qui se traduisent dans les territoires ruraux par de longs trajets, souvent effectués en voiture. Moins de trajets en voiture signifie moins de pollution, donc une meilleure qualité de vie pour les habitants et une attractivité renforcée pour le territoire.

 

Quelles démarches pour aménager un espace de coworking qui marche ?

Chaque espace de travail partagé a sa propre identité. Pour la définir, il est nécessaire de commencer par comprendre les besoins du public ciblé. À partir de l’analyse de ces besoins et des opportunités offertes par le territoire, il sera aussi possible de définir son mode de fonctionnement et la gouvernance à mettre en place. Sans ce travail préalable, le risque est grand de créer une coquille vide, un lieu qui ne trouvera pas sa communauté de coworkers. Chez Abylon, nous sommes convaincus que l’intelligence collective est un excellent moyen d’évaluer les besoins des parties prenantes. Les ateliers de design thinking de notre offre innovation permettent ainsi de cadrer les attentes et d’identifier une communauté cible, fondement nécessaire de la pérennité d’un espace de coworking.

Les espaces de coworking sont nombreux. Ils ont produit et mis à disposition des ressources abondantes, via notamment des forums et des outils partagés. Disposer de ces retours d’expérience est précieux pour bien calibrer l’offre de l’espace de coworking que vous souhaitez mettre en place. Ainsi, des tiers-lieux se sont rassemblés pour créer les outils nécessaires à leur fonctionnement. C’est le cas de Dokos, un logiciel de gestion open source dont la création a été financée par différents tiers-lieux. Conçu pour répondre aux besoins spécifiques de ces espaces, il permet de réserver une salle ou un poste de travail, de facturer les abonnements, etc.

 

Quel modèle économique pour un coworking qui fonctionne ? 

Si chaque espace de coworking trouve ses propres équilibres, on peut distinguer deux grands types de modèles économiques.

Dans les métropoles et centres-villes, des espaces de coworking qui s’autofinancent : les espaces de coworking situés dans les zones urbaines (métropoles et centres-villes) sont en mesure de toucher un public plus large que ceux situés dans des zones moins denses en population. Ils peuvent donc fonder leur modèle économique sur la réservation de salles, l’événementiel ou encore la formation. Des entreprises comme La Cordée s’installent ainsi au cœur des centres-villes des métropoles pour proposer des postes de travail et autres services à valeur ajoutée.

Dans les territoires ruraux et périurbains, des espaces de coworking soutenus par des financements publics : le développement des espaces de coworking hors des grands centres urbains est plus complexe. Dans les zones rurales et périurbaines, un espace de coworking est perçu comme un service public. Ainsi, dans la commune de Mornant (Rhône), l’espace La Coworquie est installé au sein du centre culturel de la communauté de communes. Cet espace a adopté un modèle économique mixte : la collectivité territoriale facture un loyer aménagé à l’association qui gère le lieu. Elle propose en retour aux habitants des postes de travail à un tarif modéré. Les collectivités territoriales se dotent d’espaces de coworking car ils revêtent une utilité sociale et environnementale. Ce sont des leviers pour créer ou renforcer des écosystèmes économiques. Ce sont aussi des lieux ressources notamment pour les professionnels indépendants qui sont majoritaires parmi les usagers de ces territoires.

 

Qu’est-ce qui fait le succès d’un projet de coworking ? 

Dans les grandes villes, le succès d’un espace de coworking provient essentiellement de sa capacité à monétiser les activités complémentaires à la location de postes de travail : réservation de salles, formations, ateliers, événementiel… L’autofinancement et l’équilibre financier sont plus faciles à atteindre que dans les zones rurales et périurbaines.

Dans les territoires périurbains et ruraux, un espace de coworking pourra se pérenniser s’il est adapté au contexte local. Calquer le modèle des espaces de coworking des métropoles ne fonctionne pas toujours car la zone de chalandise est limitée et il n’est pas toujours possible de faire reposer la rentabilité sur les mêmes critères. Pour cela, au moment de sa création, il est nécessaire de faire émerger un écosystème adapté au territoire et aux futurs usagers.