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« Les Cahiers de l’Été » – Rendre la ville plus propre grâce à l’innovation

07 juillet 2020

Pour ce deuxième volet des “Cahiers de l’Été” d’Abylon dédiés à l’innovation, nous nous intéressons à un sujet que plus de la moitié des Français juge prioritaire dans la politique de la ville : la propreté urbaine.

Ordures ménagères, encombrants, mégots, déjections canines, affichage sauvage, feuilles mortes… L’environnement urbain peut être affecté par des déchets divers et variés. Or, la propreté est un élément important de la qualité de vie et de l’attractivité d’une ville : plus une ville est propre, plus elle paraît agréable et accueillante. De par son ampleur et sa fréquentation, le domaine public est particulièrement difficile à entretenir. Pour les collectivités territoriales, il s’agit à la fois d’un défi logistique et stratégique. C’est aussi un poste de dépenses important : 6 millions d’euros par an pour Bordeaux ou encore 8 millions pour Metz, par exemple. Des solutions innovantes viennent soutenir les territoires dans l’atteinte de cet objectif. Tour d’horizon d’initiatives innovantes en matière de propreté urbaine.

 

Accélérer l’innovation pour une politique de la propreté plus durable

À l’heure actuelle, les collectivités territoriales doivent faire face à des pressions budgétaires importantes et des attentes de plus en plus élevées de la part des citoyens. Parallèlement, le cadre réglementaire en matière de propreté évolue, par exemple avec les mesures de mise aux normes des procédés de traitement des déchets adoptées à l’issue du Grenelle de l’environnement. Avec la création de nouveaux quartiers ou les actions de rénovation urbaine, les services des collectivités doivent couvrir des surfaces toujours plus grandes. Le sujet tourne vite au casse-tête pour les collectivités territoriales. Dans ces conditions, des solutions innovantes viennent soutenir les villes et les territoires. Elles peuvent être de nature organisationnelle et prendre la forme de partenariats avec les habitants ou d’autres acteurs du territoire. Les innovations peuvent également être techniques, notamment dans une démarche de développement durable. C’est la voie choisie par la ville de Lyon, qui met en œuvre des solutions innovantes non chimiques pour l’entretien de l’espace public, comme la viabilité hivernale (évaluation de la qualité des sels…) ou encore des camions à moteur hybride pour réduire l’émission de gaz à effet de serre.

Au-delà de ces solutions pratiques, l’innovation peut également faire évoluer la façon de gérer le problème de la propreté urbaine. C’est le défi que se sont lancé des chercheurs de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne et de la Haute École Arc. Ils se sont associés à la start-up Cortexia pour développer un indice de ville propre (Clean City Index). Fondé sur un intelligence artificielle, ce projet a pour but d’entraîner des caméras à reconnaître toutes sortes de déchets. À partir d’une analyse des déchets rencontrés, cet indice doit permettre aux collectivités de décider de la fréquence de passage dans une rue, un quartier… À la clé : une optimisation des tournées de collecte des déchets et de nettoyage, et des finances publiques préservées.

 

Les Clean Tech au service des collectivités pour renforcer leurs actions de propreté 

Les Clean Tech sont des technologies environnementales visant à réduire l’utilisation des ressources et améliorer la durabilité de l’économie. Elles recouvrent par exemple des méthodes et techniques qui visent à diminuer la consommation d’énergie et la pollution liées à l’entretien de l’espace public. De nombreuses collectivités se sont saisies de ces nouvelles technologies afin d’améliorer la propreté de leur territoire.

Smart city et fiscalité incitative. La Communauté de communes du Grand Besançon a mis en place une redevance incitative pour l’élimination des ordures ménagères. Les bacs des communes sont équipés de puces électroniques pour calculer le poids et le nombre de levées pour chaque ménage. La taxation est ensuite proportionnelle à l’utilisation du service. L’objectif poursuivi d’incitation aux bonnes pratiques de tri et à la réduction des déchets a été atteint. En effet, depuis 2008, le poids des déchets résiduels a baissé de 30% sur le territoire, soit 70 kg en moins par an et par habitant.

Objectif réduction de la pollution. Depuis 2011, la ville de Toulouse a multiplié les partenariats avec les universités et start-ups locales pour développer des solutions innovantes visant à lutter contre la pollution de l’espace public. Ces projets recouvrent des domaines d’action variés. Ainsi, le projet Dégom’ a débouché sur la mise en place d’un dispositif de nettoyage des chewing-gums et des traces sur les trottoirs. Avec l’entreprise LR Vision, la ville a développé des revêtements innovants de trottoirs. Ceux-ci sont constitués de lasures de protection issues de la chimie verte pour éviter l’incrustation de tâches et faciliter le nettoyage. Un autre partenariat, avec le laboratoire des interactions moléculaires et réactivités chimiques et photochimiques de l’université de Toulouse, vise à quantifier et caractériser la pollution des eaux de pluie et de ruissellement. À terme, ce projet pourrait permettre de dépolluer l’eau se déversant dans la Garonne.

 

Les solutions portées par les opérateurs privés

Si de nombreuses start-ups ont investi le domaine, les grands groupes sont également des partenaires intéressants pour répondre aux besoins de propreté urbaine. À Paris et à Marseille, l’entreprise Citeo expérimente des équipements de collecte des emballages et de papiers innovants pour mieux capter les emballages ménagers. À Paris, cette solution s’appelle Trilib’. Elle se matérialise par 40 stations de tri en libre-service, dotée de cinq bacs : papiers et carton, plastique-métal-briques, verre, grands cartons, textiles. À Lille, Veolia a mis en place une coordination synchronisée de la collecte des déchets et du nettoyage. Ce système d’information avancé contribue à limiter le nombre de camions présents dans les rues. En s’appuyant sur la présence d’agents sur la voie publique, cette solution soutient également l’emploi local.

 

Quand les citoyens prennent leur cadre de vie en main

Face aux difficultés rencontrées par les collectivités pour maintenir les rues propres, des initiatives citoyennes voient le jour. À Angers, par exemple, l’association “Clean – les amis de la propreté” organise des opérations citoyennes de nettoyage de la ville. Créée fin 2018, cette association a ramassé près de 75 kg de déchets en six sorties organisées avec des bénévoles et des particuliers. Au-delà de ces interventions, l’association cherche aussi à promouvoir des comportements exemplaires. Car la propreté reste aussi une affaire de civisme.