Aujourd’hui, il existe un peu plus de 500 écoquartiers en France. Les écoquartiers sont des zones urbaines qui sont aménagées et gérées selon les objectifs du développement durable, et qui s’appuient pour cela sur l’engagement de leurs habitants. Le label “écoquartier” a fait son apparition dans le droit français en 2012, en application de la loi Grenelle 2. De plus en plus, on remarque que les écoquartiers intègrent dans leur pratiques des services innovants liés à la smart city. D’un côté, les écoquartiers sont engagés dans des démarches volontaires de développement durable, de l’autre le numérique est responsable de 4% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde. Quelle place le numérique peut-il alors trouver dans un écoquartier ? Abylon s’est penché sur la question des écoquartiers pour observer les tendances à l’œuvre.
Changer les modes de consommation pour réduire les besoins en énergie
S’ils ont chacun leur identité et répondent à leur manière aux besoins des habitants, on remarque que les écoquartiers offrent de nombreux services innovants. En particulier, les services de l’économie du partage sont très présents dans ces quartiers qui cherchent à allier qualité de vie et développement durable.
En matière de mobilité, les initiatives fleurissent dans les écoquartiers : autopartage, covoiturage, applications mobiles pour les transports en commun… Ainsi, la ville d’Issy-les-Moulineaux a adopté le service Zenbus pour offrir une information plus précise aux usagers des transports en commun par la localisation de leur bus. Des entreprises comme BePark offrent une grande flexibilité aux automobilistes en proposant de trouver facilement une place de stationnement à proximité et de la réserver en temps réel. Les utilisateurs gagnent du temps, ce qui permet aussi de réduire le trafic lié aux difficultés rencontrées pour se garer… et les émissions de gaz à effet de serre induites.
Les écoquartiers encouragent aussi la mixité des usages de l’espace urbain. De plus en plus souvent, ils disposent de tiers-lieux comme des coworkings, jardins partagés ou encore des espaces dédiés à la réduction des déchets souvent animés par des associations. Dans le cas du Fort d’Issy, au moment de l’inauguration, les habitants se sont regroupés pour effectuer leurs achats d’électroménager. Une façon pour eux de faire des économies en négociant des tarifs plus intéressants via une commande groupée. Cette démarche a également eu un impact environnemental, en diminuant les trajets de livraison.
Penser la nature dans la ville
Au-delà des services innovants qui visent à diminuer les consommations énergétiques, les écoquartiers proposent une relation plus harmonieuse à l’environnement. C’est le cas de l’écoquartier Cœur de Ville, de la commune de La Possession (La Réunion), dont la construction a débuté en 2012. Il réunit logements, bureaux, commerces et zones vertes. Tous les services sont à courte distance afin de favoriser les mobilités douces. 35% de cet écoquartier sont dédiés à la nature, soit une surface plantée de 10 000 m2. Les constructions ont été réalisées pour prendre en compte la contrainte climatique avec la création de logements bioclimatiques, chauffés par le soleil. La nature a quant à elle vocation à offrir des espaces de rencontre et de convivialité à l’extérieur mais aussi à apporter de la fraîcheur aux habitants du quartier. Alors que l’habitat de la commune était traditionnellement constitué de pavillons, l’écoquartier Cœur de Ville a vocation à densifier la zone pour contenir l’étalement urbain. Ainsi, l’écoquartier esquisse la ville écologique du futur, en phase avec la nature, pensée par et pour les habitants.
Smart city et smart grid pour une gestion intelligente des ressources
- Smart home : la domotique pour diminuer les consommations domestiques
Les écoquartiers préfigurent l’habitat du XXIe siècle. Ils accueillent des logements connectés, conçus pour faciliter la vie quotidienne des habitants. L’écoquartier des Bergères, actuellement en construction à Puteaux (Hauts-de-Seine), proposera ainsi des logements et bureaux connectés. Parmi les services dont bénéficieront les habitants, on peut citer les visiophones numériques. Installés dans les boîtiers domotiques qui équipent les logements, ils permettent d’assurer la sécurité de l’immeuble en contrôlant efficacement les entrées. Il est possible de les connecter à un smartphone pour répondre même si l’on n’est pas chez soi. Les habitants auront aussi accès facilement à leurs données de consommation énergétique. Des indicateurs utiles pour réduire leur consommation et détecter à temps toute déperdition d’énergie.
- Les smart grids pour une consommation intelligente au niveau du quartier
La gestion intelligente des ressources dans les écoquartiers ne reposent pas uniquement sur les changements des habitudes de consommation des habitants. En effet, l’infrastructure est elle-même pensée dans une démarche de développement durable. Le Fort d’Issy a été précurseur en installant un système de collecte des déchets par aspiration pneumatique. Les déchets sont stockés sous terre, ce qui permet d’effectuer la collecte seulement une fois par semaine. Une façon d’améliorer le bilan carbone du territoire en diminuant la fréquence de circulation des camions. Par ailleurs, deux puits géothermiques ont été creusés, ils couvrent aujourd’hui plus de 75% des besoins en chauffage du quartier. La smart grid “Issy-Grid” vise à optimiser la gestion de l’énergie. Cela passe par l’intégration de la production locale d’énergies renouvelables aux canaux de consommation du quartier, par exemple l’énergie issue des panneaux photovoltaïques installés sur le toit d’une école de la commune. Ainsi, l’écoquartier du Fort d’Issy s’est doté d’outils de la smart city pour mettre la transformation digitale au service de la transition écologique.
Si la ville de demain veut combiner confort de ses habitants et efficacité énergétique, il y a fort à parier que le numérique fera partie des outils à mobiliser. Utilisé à des fins d’optimisation de la consommation énergétique, le numérique permet de réduire considérablement l’empreinte carbone d’un quartier. À une condition : accompagner ces initiatives d’une démarche de neutralité carbone globale. Si ce n’est pas le cas, le risque est grand de déplacer la pollution plutôt que de l’éliminer.