Le Baromètre des Territoires de Villes de France en partenariat avec la Banque des Territoires fait apparaître un clivage net entre les très grandes villes de France “choyées des politiques publiques” et les villes moyennes et communes rurales, délaissées en termes d’offres de services, et notamment sur les questions d’accès au numérique, à la santé, à la culture et aux loisirs, aux transports, au commerce et aux services publics.
Le développement de territoires intelligents, qui ne devrait pas être la seule chasse gardée des grandes métropoles, peut répondre aux enjeux d’attractivité des villes moyennes et communes rurales et participer à l’enrichissement de l’offre de services aux citoyens.
Comment les territoires ruraux et péri-urbains peuvent-ils s’approprier les innovations de la révolution numérique pour répondre à leurs enjeux propres ?
Le numérique peut répondre aux besoins des territoires périurbains et ruraux
Aujourd’hui, l’offre des différents acteurs du numérique, opérateurs de services et télécoms est très diversifiée mais peu adaptée : seuls 7 % des industriels proposent des solutions spécifiquement conçues pour les petites villes. Or, les ressources et les priorités de ces territoires sont très différentes de celles des grandes villes, et nécessitent une approche ciblée.
Des aides publiques permettent d’accompagner financièrement les territoires innovants
Pour 70% des villes de taille moyenne, lefinancement est le principal frein à la mise en place de projets de territoire intelligent.
Certaines communes se regroupent autour de projets communs pour mieux répartir les efforts d’investissement. La Communauté de Communes du Pays Hauts Val d’Alzette (28 000 habitants) s’est ainsi lancée dans un projet territoire intelligent de grande envergure sur 28 mois (énergie renouvelable, éclairage public, habitat, déchets, silver économie, mobilité, développement économique, filières courtes).
Mais les territoires peuvent aussi compter sur des sources de financement diverses et des actions européennes, gouvernementales ou régionales pour accompagner leurs projets :
La Commission Européenne soutient des initiatives “Villages Intelligents” dans le cadre du Réseau européen de développement rural (REDR). L’application “Les Produits de la Ferme” lancée en Autriche pour développer la vente directe de produits du terroir et téléchargée par plus de 16 000 utilisateurs a ainsi été en partie financée grâce aux fonds européens.
Le programme Action Coeur de Ville vise à revitaliser les collectivités en développant l’attractivité et le dynamisme des centres villes, avec comme objectifs d’améliorer les conditions de vie des habitants des villes moyennes et conforter leur rôle de moteur de développement du territoire. Lancé par le Gouvernement en 2018, il concerne 222 villes françaises avec un budget de plus de 5 milliard d’euros pendant 5 ans.
Le programme TIGA (Territoires d’Innovation de Grande Ambition) a permis de sélectionner des territoires (métropoles avec leurs zones périurbaines) pour les accompagner dans leurs projets innovants liés aux transitions énergétique et écologique, numérique, démographique et sociale et appliqués aux spécificités du territoire. Le projet Happi Montana cherche par exemple à valoriser le Massif Central dans sa globalité en améliorant la synergie entre territoires urbains et ruraux. Des actions sont notamment lancées pour déterminer des modèles innovants de services en territoires ruraux.
Les pactes métropolitains d’innovation assurent la cohésion des territoires en oeuvrant à la coopération entre communes dans les projets de métropole et à la réduction de la fracture numérique entre grande ville et zones péri-urbaines et rurales des métropoles. A titre d’exemple, le pacte de Toulouse Métropole prévoit la réalisation d’un incubateur et d’une plateforme collaborative à Fleurance (6 200 habitants).
Les régions financent certaines actions, à l’instar de la Région Grand Est qui a lancé le “pacte ville moyenne” pour accompagner 39 villes dans leur politique de redynamisation du territoire.
“Smart City versus Stupid Village”, 2016, Caisse des dépôts, APVF, APCF
“Les enjeux de la transformation numérique des territoires”, 2017, Syntec Numérique
“La ville et l’internet des objets”, 2018, AgroParisTech, Ponts et Chaussées
“ Baromètre des Territoires”, 2019, Villes de France, Ipsos avec le soutien de la Banque des Territoires