La smart city est souvent associée à des représentations mentales futuristes en milieu urbain. Pourtant, les petites villes et zones rurales peuvent aussi retirer de nombreux bénéfices de solutions « smart » dans la gestion de leur territoire. Enclavement, habitat dispersé, relief vallonné… sont autant de défis à surmonter. Alors, comment mettre en place des logiques intelligentes et connectées en zones rurales ?
Penser à l’échelle du territoire pour limiter les coûts
C’est majoritairement dans des petites communes qu’habitent les 10 millions de Français vivant en zone rurale. Pour ces collectivités, les contraintes budgétaires sont souvent plus fortes que pour les métropoles, d’où l’importance de penser les solutions smart à l’échelle du bassin de vie et non en termes de limites municipales. La mutualisation facilite l’approche d’acteurs privés porteurs de solutions en arguant de l’existence d’un marché plus accessible. Pour s’équiper en services numériques, les collectivités peuvent créer des syndicats numériques, à l’instar de Megalis, en Bretagne. Le concept est simple : le syndicat achète un certain nombre de services dont les communes bénéficient selon leurs besoins. Ces dernières payent un abonnement en fonction des options choisies. Le recours aux solutions Saas (software as a service) est une autre possibilité, notamment utilisée dans le domaine de l’éclairage public. La collectivité paye un abonnement et une entreprise assure la gestion du parc de lampadaires.
Ne pas se reposer uniquement sur le très haut débit (THD)
Si l’ADSL couvre aujourd’hui 98% des zones rurales françaises, des difficultés de connexion peuvent persister. En utilisant des réseaux bas débit dédiés à l’internet des objets, les petites villes peuvent bénéficier de solutions smart city sans être bloquées pour des raisons techniques. Le réseau open source LoRa et la solution propriétaire SigFox ont en commun de s’adapter à chaque objet pour utiliser le moins de bande passante possible. Autre avantage : ces réseaux font transiter l’information sur des distances plus longues, allant jusqu’à 20 km en zone rurale plane, pratique pour les territoires à l’habitat dispersé.
S’appuyer sur son écosystème local pour répondre aux besoins des habitants
La construction d’un territoire intelligent ne repose pas uniquement sur des réseaux ou le très haut débit. La technologie n’est que le moyen, la finalité est de répondre au plus juste aux besoins des habitants. Être smart, c’est encourager la concertation, développer la participation citoyenne, soutenir l’entrepreneuriat local, mettre en réseau les parties prenantes du territoire pour créer une culture partagée. C’est aussi un facteur d’attractivité pour les zones rurales qui souhaitent attirer de nouveaux habitants et entreprises venus des métropoles. Dans cet esprit, l’Auvergne a mis en place un dispositif innovant : le « New Deal Numérique ». Ce package numérique octroie à neuf start-up sélectionnées une dotation financière, un logement ainsi qu’un lieu pour se développer. Un échange gagnant-gagnant pour le territoire.
Adopter une stratégie numérique globale pour construire un territoire durable
Les petites villes et territoires ruraux adoptent souvent des solutions numériques innovantes au coup par coup, sans schéma global. Or, la mise en place de solutions intelligentes pour optimiser les tournées de collecte des déchets, par exemple, peut être plus efficace sur leurs territoires à l’habitat souvent dispersé que dans des zones urbaines très denses. La montée en compétences des agents apparaît donc comme un enjeu majeur pour piloter et opérer la mise en place de ces nouveaux services. Le développement d’un ingénierie interne permettra à la collectivité d’apparaître comme un tiers de confiance tout en remplissant ses obligations légales d’ouverture des données, dans le cas des collectivités de plus de 3500 habitants.